L'histoire de l'huître en Bretagne Nord
Les huîtres en Bretagne nord, c'est une longue histoire. Les gastronomes n'ont pas attendu le XIXème siècle pour les apprécier.
À Rome déjà, l'huître avait sa place dans les fastueux banquets. Les Romains en importaient des côtes bretonnes et de la Manche pendant les invasions en Gaule. Dans son ouvrage « Histoire de l'huître en Bretagne », Olivier Levasseur parle d'un "parcours cahotique", souvent ponctué de "graves crises de l'huître, pêchée et cultivée dès le VI ème siècle dans la région".
Le mollusque va disparaître des tables au Moyen-Age, détrôné notamment par la coquille Saint-Jacques. Louis XIV va le réhabiliter, au point d'en manger tous les matins. François 1er ne tarira d'éloges sur l'huître de Cancale... Le port breton va devenir la capitale de l'huître. La culture s'étend aux rades de Saint-Malo et de Saint-Brieuc, aux côtes du Trégor, jusqu'à la région de Brest.
Au XVIIIème siècle, la surexploitation de la ressource appauvrit les bancs. Un édit royal interdit la pêche du 1er avril au 31 octobre. Dans le même temps, les techniques d'élevage se développent, tout comme les outils d'exploitation.
En 1858, un commissaire de la Marine invente le système des collecteurs pour capter les larves d'huîtres, les naissains. Sa mise en oeuvre, qui démarre à Cancale et se généralise sur les côtes bretonnes, donne le coup d'envoi de l'ostréiculture : il est désormais possible de repeupler et de recréer des bancs !
En Bretagne nord, c'est essentiellement l'huître plate qui est cultivée. L'huître creuse portugaise, plus robuste et moins chère, est introduite dans la région au milieu du XIX ème siècle. Deux épizooties -la dernière dans les années 80- vont attaquer et mettre à mal les huîtres bretonnes.
L'huître creuse japonaise, la gigas, va permettre à l'ostréiculture régionale de survivre. Elle constitue aujourd'hui l'essentiel des cultures : la Bretagne-nord produit 26 700 tonnes d'huîtres creuses et seulement 1 500 tonnes de plates.